Un changement de cap pour l’OPEP+
Après plusieurs années de réduction de leur production afin de soutenir les prix du brut, les membres de l’OPEP+ – qui assurent près de la moitié de l’offre mondiale – ont opéré un revirement stratégique en 2025. Cette fois, il s’agit de regagner des parts de marché, alors que la demande reste soutenue et sous la pression de la politique américaine visant à limiter la hausse des prix à la pompe. Sous l’impulsion des États-Unis, l’organisation a progressivement augmenté sa production depuis avril, amorçant la levée de coupes équivalant à 2,17 millions de barils par jour.
Montée en puissance de la production
Le groupe OPEP+ (qui réunit l’Organisation des pays exportateurs de pétrole et ses alliés comme la Russie) a entamé son relèvement par une hausse de 138 000 barils par jour en avril, suivie de 411 000 barils supplémentaires chaque mois en mai, juin et juillet. Selon des sources citées par Reuters, une nouvelle augmentation de 548 000 barils par jour a été validée pour août, et un relèvement encore plus important pourrait être décidé en septembre lors de la prochaine réunion.
La demande absorbe l’offre supplémentaire
Pourtant, malgré ces augmentations successives, les stocks mondiaux n’ont pas connu de gonflement significatif. « On constate que, même avec ces hausses continues, il n’y a pas eu d’accumulation majeure des stocks, preuve que le marché avait besoin de ce pétrole », a expliqué Suhail al-Mazrouei, ministre de l’Énergie des Émirats arabes unis, en marge du séminaire biennal de l’OPEP, qui réunit les principaux décideurs du secteur. L’accès à cet événement a cependant été refusé à plusieurs médias, dont Reuters.
La croissance de la demande portée par la Chine et les États-Unis
D’après Amin Nasser, PDG de Saudi Aramco, la demande mondiale de pétrole devrait encore progresser de 1,2 à 1,3 million de barils par jour d’ici la fin de l’année, malgré le contexte de tensions commerciales et de droits de douane américains. Il cite notamment la hausse de la consommation d’essence aux États-Unis et le dynamisme du secteur pétrochimique chinois. D’autres grands acheteurs, comme la Chine et le Japon, intensifient également leurs commandes, selon Shaikh Nawaf Al-Sabah, dirigeant de la Kuwait Petroleum Corporation.
La stratégie de l’OPEP+ face à la concurrence américaine
Cette politique de hausse de la production vise aussi, selon plusieurs observateurs, à reconquérir des parts de marché face à la montée en puissance du pétrole américain. Les membres de l’OPEP+ poursuivent ainsi le démantèlement progressif des coupes volontaires et s’adaptent à l’évolution des quotas, notamment celui des Émirats arabes unis.
Des marchés sous pression
Au niveau des prix, le Brent a reculé de 0,29% à 69,95 dollars le baril, tandis que le WTI américain perdait 0,35% à 68,09 dollars en milieu de journée. Selon l’Agence américaine d’information sur l’énergie (EIA), les stocks de brut aux États-Unis ont augmenté de 7,1 millions de barils la semaine précédant le 4 juillet, alors que les stocks d’essence et de distillats ont diminué.
L’impact des tensions en mer Rouge
L’évolution des prix reste également influencée par la situation sécuritaire dans la mer Rouge. Après une période d’accalmie, de nouvelles attaques ont visé des navires commerciaux, attribuées aux milices houthies soutenues par l’Iran. Une opération de sauvetage a été lancée mercredi pour récupérer l’équipage d’un cargo coulé lors d’une attaque qui a coûté la vie à au moins quatre marins.
Prévisions et politique américaine
Par ailleurs, l’EIA prévoit désormais une production pétrolière américaine plus faible en 2025 qu’anticipé, la baisse des cours freinant l’activité des producteurs. Sur le plan politique, le président américain Donald Trump a annoncé son intention d’imposer une taxe de 50 % sur les importations de cuivre, afin de stimuler la production nationale de ce métal stratégique pour l’industrie, l’armée et la transition énergétique. Il a également repoussé l’entrée en vigueur de certaines taxes à début août, laissant entrevoir des négociations possibles avec les partenaires commerciaux.
Une offre toujours en hausse pour septembre
Enfin, cinq sources confirment que l’OPEP+ prévoit une nouvelle hausse substantielle de l’offre pour septembre, en achevant la suppression des dernières coupes volontaires et en ajustant le quota des Émirats arabes unis.
Une résilience inattendue des prix
Malgré l’accélération des ajouts de barils sur le marché, les cours du pétrole font preuve d’une étonnante résilience, souligne Suvro Sarkar, spécialiste du secteur énergétique à la DBS Bank. Les facteurs structurels de la demande mondiale et les incertitudes géopolitiques continuent ainsi de soutenir les marchés pétroliers en 2025.